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En savoir plus...

Même si je suis enseignant aujourd'hui,  je ne fais pas partie des gens dont le parcours est une ligne droite, loin s'en faut. C'est pourquoi j'ai voulu ce bouton "en savoir plus" pour les curieux comme vous. Et la curiosité, c'est parfois une bonne chose. Parce qu'être auteur illustrateur jeunesse, cela peut signifier beaucoup, en ces temps obscures où l'on mélange un peu tout. Utiliser par exemple les mots "bienveillance" ou "empathie" et faire preuve de l'inverse durant son existence m'apparaît frappant. La vie nous est offerte sans rien avoir demandé et "faire de son mieux" semble la seule règle sincère à respecter de tout homme. Le présent reste encore ce qu'il y a de mieux en le traitant comme il se doit : comme l'occasion de partager avec les autres ce qui peut les aider et leur plaire. Ceci est encore plus vrai avec les enfants.

Je n'étais rien, je ne suis pas grand chose et pour la suite, on verra bien.

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Portrait réalisé par Pierre Cornuel lors des 9èmes Rencontres autour du livre d'Airaines en novembre 2021.

Mon histoire

Très tôt, j'ai compris que dans ma caboche j'avais un cerveau qui ne rêvait que d'une chose : rêver ! Cela s'est traduit par le rôle du confident perpétuel, celui qui n'avait jamais de soucis, mais qui pouvait toujours écouter ceux des autres, tout du moins, et les aider si possible. C'est ce que j'ai tenté de réaliser à l'école, au collège, puis au lycée sur Beauvais, jusqu'à l'obtention de mon baccalauréat.

 

Côté famille, deux parents enseignants nous aimant fort et trois frères bien soudés, je ne peux que souhaiter la même enfance à tous les enfants que je côtoie, et notamment à ceux qui me sont confiés dans le cadre de mon métier de professeur des écoles.

 

A travers la musique, j'ai aussi découvert l'effort régulier et les contraintes d'un loisir riche en émotion. Cela ne s'est finalement pas traduit par un engagement dans une profession de musicien pour pas mal de raisons, mais j'ai beaucoup appris durant ces années d'apprentissage (de 1972 à 1985) du solfège et de la clarinette à l'école municipale de Beauvais (à l'époque) avec Michel Gamblin comme professeur, et une première expérience en orchestre dans l'Harmonie municipale de Beauvais. Je suis d'ailleurs extrêmement triste de ne parvenir à trouver que très peu de souvenirs sur internet de l'ancienne école de musique qui se trouvait rue Villiers De l'Isle Adam. Elle a été rasée pour faire place à une résidence d'habitation...

Comprenez bien : la musique avait et a toujours un côté d'autant plus mystérieux pour moi que j'avais remarqué en tapotant sur le vieux piano de mes parents vers 7/8 ans une aptitude à en jouer sans jamais avoir appris. Un "don" qui me sera confirmé plus tard par ma rencontre avec Claude Bowling au conservatoire de Rueil Malmaison, immense pianiste de jazz aujourd'hui disparu, qui m'avait affirmé après m'avoir écouté lors de l'un de ses cours "Vous possédez le piano, mais je ne peux rien pour vous..." Bref un don pas si rare que cela et qui, si l'on ne l'exploite pas au maximum, ne mène que rarement à une carrière dédiée ! Il reste que j'ai par la suite appris à jouer avec des grilles tous les accords possibles, en suivant la notation internationale (A pour la, B pour ré, etc...), ce qui m'a permis de jouer dans le groupe amiénois Kivala, créé conjointement avec mon ami enseignant, Mac Bécart, à qui je veux rendre hommage aujourd'hui, car trop vite parti en 1991, comme certains êtres blessés que l'on regrette à tout jamais de n'avoir pas secouru à temps.

 

Mais revenons en septembre 1983. Direction Amiens pour un BTS en informatique, discipline qui n'en était qu'à ses balbutiements, puis Metz pour le service militaire, pour une année obligatoire. C'est en fait au sein de la Musique Principale de l'infanterie - 6ème région militaire, 151ème R.I. , contingent 85/10 - que j'ai repris la clarinette parmi cette grande formation de plus d'une centaine de militaires, dont près de 80% étaient des appelés comme moi, ce qui ne sera plus jamais le cas dans une Musique Principale de cet ordre par la suite. Beaucoup de rencontres et "d'aventures" qui m'ont fait grandir malgré mon anti-militarisme de mise.

Dès la quille, je ne fais qu'un retour rapide chez mes parents pour partir sur Paris, car j'y avais trouvé un emploi avant même la fin de mon service militaire.

C'est là que les choses se gâtèrent...

 

Ce premier emploi ne dura qu'un mois... le temps pour une grande chaîne de magasins de matériels informatiques et de logiciels de limiter les dégâts en recrutant "à l'arrache" quelques jeunes vendeurs aux dents longues - mais à l'inexpérience totale - avant une faillite imminente en s'étant bien gardé de nous mettre au courant (je me souviens d'un camarade dans la même situation). C'était le magasin rue de Caumartin dans le 9ème arrondissement de Paris. Une autre époque mais une situation qui me communiqua pourtant un amour réel pour la ville de Paris. Encore aujourd'hui, lorsque j'y retourne, c'est toujours un gand plaisir.

Mon père m'avait tant aidé à trouver mon premier appartement sur Puteaux, proche du quartier Bellini, lui-même au pied de La Défense, dont déjà, en ce mois d'octobre 1986, certaines tours perçaient le ciel parisien.

J'étais bien embêté... Je me retrouvais au chômage, à Paris, un peu paumé, mais avec la ferme résolution de rebondir, de ne pas me laisser manger tout cru. Même si, je l'avoue, je n'étais encore qu'un grand adolescent naïf, une soif puissante d'expériences me taraudait. Il était hors de question de reprendre mes cliques et mes claques pour repartir chez papa et maman, avant même que "cela" débute. Mon émancipation réelle pour faire la fête, pour rencontrer des gens différents, pour connaître mes limites, bref, pour me débrouiller tout seul.

Il faut bien dire que je me suis lâché en effet. Alors que les boulots défilaient - télévendeur de composants électroniques, chef de rayon stagiaire au Continent de Chambourcy, attaché commercial à la Sagem, ..., pour finir en attaché commercial chez Rothmans International basé à Annecy et responsable du secteur Savoie / Haute-Savoie - j'ai beaucoup vécu la nuit, avec ou sans ami(e)s, en boîte de nuit, dans des fêtes et autres manifestations dans lesquelles je parvenais à me faire inviter. Une ouverture forte vers un monde dont j'ignorais à peu près tout avant d'arriver dans la capitale. Je me suis enfin retrouvé dans un autre rôle que le confident professionnel de service ou le jeune naïf, planté là comme un cheveu sur la soupe. J'étais soit attendu, soit la surprise du chef.

 

Si mon instabilité professionnelle en aurait déstabilisé plus d'un, je la prenais plutôt bien, comme conscient de sa nécessité avant de pouvoir me poser plus. Et même : si j'avais su, j'aurais voyagé, pris l'avion davantage, cherché à gravir des montagnes, imaginé une manière d'embarquer dans des navires pour le lointain. Mais non, j'ai préféré le lointain de ma modeste âme esseulée. Ce lointain qui n'était encore que brouillard et tendresse enfantine. J'ai donc collectionné les "histoires vraies", rafraichissantes comme les torrents d'altitude qui avaient vivifié mes pieds d'enfant en vacances dans les Alpes des années auparavant. Comme j'avais jadis suivi sans broncher les randonnées durant nos colonies de vacances en Auvergne, dans les Alpes ou en Bretagne, je me suis précipité dans le Paris nocturne des années 80 comme l'oiseau se lançant pour son premier vol, tel celui de mon album "L'envolée".

 

Aujourd'hui, bien des années après, je ne peux que reconnaître que cela me permit d'y voir plus clair concernant ce que j'allais faire. Ce fut d'ailleurs lors d'un dîner entre frères sur Grenoble, qu'ils décidèrent de me "booster" dirait-on aujourd'hui. Ils m'ont simplement fait remarquer qu'il était peut-être temps de trouver une voie m'évitant de changer de métier à tout bout de champ. Que répliquer à cela ? Surtout qu'ils l'avaient la réponse ! Moi aussi, mais bon, comme beaucoup j'avais décrété après le Bac "surtout pas le même métier que papa et maman !". Eh bien si, c'était bien ce que je voulais faire au fond de moi-même. Être enseignant, travailler avec les enfants, je devais me rendre à l'évidence et cesser de tergiverser. La décision était prise et à organiser : se renseigner pour le concours d'entrée à l’École Normale d'instituteurs (on disait comme cela à l'époque), déménager d'Annecy et avoir l'accord des parents pour un retour le plus court et le moins dérangeant possible à la maison, le temps de préparer mon triomphe (lol).

J'avais un peu honte de revenir comme cela au bercail. Dans le cœur un mélange de déception et d'un peu de fierté tout de même. Certes, il me fallait à présent me mettre "au travail" sérieusement, mais ma situation n'était pas un réel retour à zéro. S'il y a bien une chose dont j'étais sûr, c'est que j'avais changé et que j'étais alors plus prêt que jamais à accepter le challenge d'un nouveau départ. La suite des événements allait me donner d'ailleurs raison !

Tout d'abord ma réussite au concours accessible à ce moment-là au Bac + 2, et sur Amiens en plus. Donc, démarrage d'une nouvelle carrière, d'une carrière tout court. C'est le moment venu d'une location d'une chambre chez l'habitant, puis d'un petit studio derrière la cathédrale, et d'un appartement dans un quartier calme d'Amiens. Tout cela pendant mes deux années en tant qu'élève maître, puis mes deux premières années d'enseignement après ma titularisation.

C'est aussi le moment de mon premier essai dans l'écriture romanesque. Un manuscrit, surtout, qui restera manuscrit, tapé à la machine, qui m'aura permis de coucher sur le papier pour la première fois une histoire longue. Un autre en restera à quelques chapitres et c'est bien comme ça.

Côté boulot, j'avais donc pris les choses vraiment au sérieux : il était hors de question de me planter à nouveau. Alors, j'ai choisi un premier poste de remplaçant sur l'année d'un collègue désirant se spécialiser. C'était dans un Institut Médico Éducatif au nord d'Amiens avec des élèves en échec scolaire et un gros retard qui s'expliquait avec nombre de situations aussi complexes que différentes. J'avais en fait dû désobéir à la directrice de l’École Normale qui avait refusé que je passe une journée de découverte l'année précédente à la demande du directeur. Étrange coopération... Qu'a cela ne tienne, j'y étais tout de même allé et j'avais bien fait... malgré un trentième en moins sur le salaire du mois considéré ! On croit rêver. Mais c'était comme ça...

En 1992, lassé de la promiscuité de l'appartement, des voisins bruyants et de mon piano 1/4 de queue qui ne résonnait pas assez souvent, je cherche à acheter une maison dans un rayon de 30km autour d'Amiens. Je suis prêt à tout pour quitter la ville que j'aime en lieu culturel mais plus pour habiter. L'urbanisme ne m'apporte pas le réconfort attendu après mes journées d'enseignant bien remplies. J'achète donc une fermette en partie en ruine mais avec du potentiel et dans l'optique de lui redonner une nouvelle vie. Je n'étais pas très bricoleur, mais une motivation sans faille et la rencontre de ma chère et tendre compagne m'ont donné des ailes.

Après m'être rendu compte que je ne devais pas trop compter sur mes potes pour une aide à long terme, ce que je comprenais tout à fait, a débuté une longue, très longue période de travaux de restauration de la fermette. C'est une sacrée belle histoire, avec des hauts et des bas. L'aide d'amis voisins dans le village m'a également bien aidé dans la dernière tranche des travaux, je le reconnais bien entendu.

Et durant toutes ces années, beaucoup de remplacements pendants dix-huit ans, dix-huit années d'un régal professionnel. Chaque jour m'apportait son lot de difficultés, mais les élèves m'aidaient toujours. Seul dans des petits villages picards du Vimeux ou au sein de plus grosses écoles de ville, la mission d'enseignant a comblé le professionnel que je devenais de plus en plus chaque jour. Avec les enfants et leurs parents, la complicité parfois, le respect mutuel toujours, ont tôt fait de me faire comprendre que ma voie était celle-là.

Après trente-six ans d'enseignement dont treize en tant que titulaire de mon poste dans une bourgade à 4 kilomètres de la maison et trois en tant que maître formateur sur Abbeville, après trois enfants qui sont grands maintenant et l'aide inestimable de ma chérie, après la découverte de la littérature jeunesse et un certain nombre d'ouvrages publiés depuis 2006, je me sens plutôt bien. Je dois aussi ajouter mon modeste investissement au sein d'une association local depuis 2007 devenu "espace de vie social". Enfin, le rêve de l'acquisition d'une maison de vacances dans un coin de France que toute la famille aime beaucoup est devenu réalité depuis 2023, en prévision notamment d'une retraite bien méritée...

J'ai toujours souffert d'un "moi je" un peu persistant, comme pour beaucoup d'artiste. Un ego un peu surdimensionné... peut-être. Mais ceux qui me connaissent vraiment savent le fond de ma pensée, connaissent mon empathie profonde existant bien avant que l'on utilise ce mot comme "bienveillant" un peu à tors et à travers, comme je l'ai remarqué en début de page.

J'aime ma famille plus que tout, mais aussi les gens, mes élèves, les auteurs... surtout quand ils sont cabossés par une vie qui n'a pas été un long fleuve tranquille pour le reprendre le titre du célèbre film d'Etienne Chatiliez.

Alors l'écriture - illustration dans tout cela, cela représente une manière très agréable de s'exprimer. Pas toujours dans les cases attendues des éditeurs - mais heureusement pas tous ! - quand je trouve le temps - car c'est la grande richesse de chacun, ce temps qui passe, quand on l'utilise pour des choses que l'on aime faire puis partager - eh bien des projets d'écriture jeunesse avec ou sans illustrations deviennent réalité.

Maintenant que vous en savez un peu plus, n'hésitez plus à me suivre et à dévorer et faire dévorer mes livres !

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